A l’occasion de la conférence organisée par le FIRA sur le thème « Des robots pour mes vignes ? Mon métier évolue », plusieurs questions ont été abordées notamment autour de la pénibilité du travail des viticulteurs.
Parmi les intervenants, François Purseigle, professeur des universités l’INP-ENSAT a notamment souligné : « les tâches répétitives, manuelles et fatigantes n’ont aucune plus-value qualitative ou quantitative dans la profession de vigneron et peuvent être considérées comme des tâches facilement automatisables voire robotisables ». Un point de vu soutenue par Bruno Tisseyre, professeur à Montpellier SupAgro. « L’utilisation de robots au vignoble peut clairement diminuer la pénibilité, renforcer l’attractivité du métier et redistribuer du temps de travail vers des opérations ayant une plus forte valeur ajoutée ».
Selon les experts, la robotique trouve ainsi un champ d’application pour toutes les opérations lentes pénibles et répétitives, pour lesquelles la présence de l’homme n’est pas forcément nécessaire. « Encore faut-il maîtriser quelques fondamentaux » souligne François Purseigle.
Savoir communiquer les bonnes informations
Parmi ces fondamentaux figurent en première ligne l’automatisation de la récolte d’information. En effet, selon l’intervenant, « il est impératif de maîtriser et de donner les bonnes informations au robot afin qu’il puisse fonctionner correctement. Or, ces informations doivent être particulièrement fiables et objectives et la subjectivité de l’appréciation par l’homme peut parfois poser problème. En outre, les robots requièrent parfois des informations précises que l’homme ne peut détecter. Par exemple des prélèvements et analyses à effectuer lors des contrôles de maturité, la phénologie de la vigne, mais surtout de la détection précoce de maladies » explique François Purseigle.
Savoir renseigner le zonage
Sur un autre plan, le zonage et la cartographie des parcelles apparaissent comme un enjeu important dans l’automatisation viticole, aussi bien pour une meilleure surveillance que pour l’utilisation plus facile des machines. « Une automatisation dans ce domaine peut être une aide conséquente, par exemple lors des traitements ou de la récolte. A condition toutefois d’avoir bien renseigné au préalable la zone d’application et de travail », remarque Cédric Séguineau, animateur de la commission sécurité au CEMA.
Connaître la législation
Des problèmes de législation, notamment pour les robots ou les drones, se posent également en termes de frontières et de surveillance. « Les craintes liées à ce genre de processus sont très présentes actuellement » observe François Purseigle.
Se former aux techniques
La maîtrise limitée par les viticulteurs des techniques et processus liée à a robotisation oblige les professionnels à de nouvelles exigences de travail, de nouvelles aptitudes que ceux-ci ne possèdent pas nécessairement ou ne sont pas habitués à fournir. « On le voit par exemple lors de l’exécution de man?uvres pour passer d’un rang à l’autre avec de grosses machines, ou encore par l’utilisation de logiciels spécifiques » remarque Bruno Tisseyre.
Parmi les solutions de nombreuses formations et retours d’expérience existent. « Il est donc pertinent pour tout viticulteur qui souhaite robotiser une partie de son activité de se rapprocher d’un agriculteur qui a déjà changé ses pratiques »
De nombreux freins sociaux
Outre ces principales contraintes, de nombreux freins persistent face au développement de l’automatisation et de la robotisation. Parmi les plus importants, l’acceptation sociale des changements et des améliorations robotisées. « La réticence au remplacement de l’homme par la machine représente un véritable frein aux innovations, à plus forte raison dans un métier de terroir où justement la tradition du geste, du savoir et du savoir-faire sont importants sinon essentiels » constate Bruno Tisseyre.
Au-delà des aspects sociologiques voire psychologiques, l’image renvoyée par un domaine ou par une appellation peut se trouver amoindrie auprès des consommateurs. Pour ces derniers, le savoir-faire manuel humain est porteur de valeurs et gage de qualité. « De même, l’AOC, dont le principe fondamental est le lien entre l’homme et ses vignes, peut également apparaître comme un frein à la robotisation » conclut François Purseigle.