Ne voulant pas rimer avec sacerdoce, la cave des vignerons de Saint-Sardos « recherche désespérément un partenaire pour exploiter » les 15 hectares de son domaine, la SCEA Moulin Rout, avec bâtiments et matériels. Réunissant 43 viticulteurs pour 120 hectares de vignes dans le Tarn-et-Garonne, la coopérative est même prête à imaginer un « fermage gratuit, sous la condition d’apport des raisins à la coopérative » explique Sylvie Vigroux, la directrice de la cave de Saint-Sardos. Si le salarié s’occupant du domaine a quitté son poste il y a un an, le vignoble a été travaillé par des viticulteurs et salariés (la cave en emploie neuf). N’arrivant pas à recruter un technicien pour prendre en charge ce domaine, la cave part sur l’idée d’une mise à disposition. « Rien n'est défini pour ce qui est du fermage, certains éléments seront à affiner si une personne se présente » précise Romain Miramont, le président de la coopérative, qui « cherche quelqu’un pour se lancer et ne pas perdre de surfaces. La situation actuelle ne peut pas durer, il faut une personne à temps plein. »
Il faut dire que la coopérative fait de cette reprise un élément clé enjeu de préservation d’un vignoble du Sud-Ouest, la cave trustant 90 % de l’AOC Saint-Sardos reconnue en 2011, et de relance, la coopérative créée en 1956 étant en redressement judiciaire depuis le 30 octobre 2023. Une mise sous la protection du tribunal judiciaire de Montauban « suite à quelques années compliquées » explique Romain Miramont, qui rembobine le film : « nous avons eu un problème ?nologique il y a quatre ans sur la conservation de vin. Des niveaux d’acétique et de volatile ont compromis l’équivalent d’une année de récolte qui a été commercialisée à plus bas prix que prévu. Ce qui a fait un trou dans la trésorerie. »
Les ennuis conjoncturels n’ont cessé de se succéder : gel des ventes pendant la crie covid, flambée des charges depuis l’invasion russe de l’Ukraine, baisse de la production avec les aléas climatiques et les départs d’apporteurs non remplacés… « Ce cumul fait que cela devient compliqué pour une petite structure quand les charges augmentent. Le but c’est de les lisser, mais on a de petits volumes » résume Romain Miramont, qui ne souhaite pas communiquer le montant des dettes et impayés. Suivie par un mandataire, la cave met en place une stratégie de relance sur les six mois de son redressement (renouvelable six mois).
Un premier levier est la modification de sa commercialisation locale, son réseau étant en cours de restructuration pour réduire les commissions et les ventes en BIB en grande distribution, pour aller sur de nouveaux points de vente et augmenter les sorties en bouteilles. Réalisant un chiffre d’affaires de 1,4 million €, la cave commerciale 4 000 hectolitres de (¾ AOP Saint-Sardos et ¼ IGP Comté Tolosan), pour 50 % en GD, 40 % en vente directe et 10 % dans le réseau traditionnel (CHR).
Sauvez-nous
« Commercialement, on a de l’espoir » pose Romain Miramont, qui note le soutien local : « on fait partie du paysage. Être dans cette situation mobilise la clientèle et les acteurs locaux. » S’il y a eu une « conjonction d'événements défavorables, nous avons des atout » abonde Sylvie Vigroux, qui lance un message simple à ses clients, et aux candidats au fermage : « sauvez-nous ! »