Pour aider les néo-installés à franchir les obstacles se dressant sur leur route, la cave coopérative Vinsescence, qui regroupe 310 familles de vignerons pour 1 200 hectares en Beaujolais, avait déjà mis en place des outils : avances sur récolte, salariat garantissant une rentrée d’argent mensuelle, accompagnement technique, échanges au sein du collectif… « Mais le premier frein est l’accès au foncier, relève Thierry Locatelli, son président. Nous avons réalisé qu’il nous fallait disposer d’un volant de terres à confier à des néo-exploitants. La Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) est apparue comme l’instrument le plus approprié. En effet, le renouvellement des générations n’est pas seulement le problème de la cave mais du territoire, puisque le vignoble beaujolais reste l’un de ses poumons économiques. » Logique, donc, de se tourner vers une société dont les statuts permettent d’accueillir tous les acteurs du territoire, répartis dans différents collèges.
Ainsi est née la Scic Les Terres de Vinescence, présentée à la presse le 7 novembre, en présence de représentants de la région, du département et de collectivités locales. « La Scic est née officiellement, mais l’aventure va réellement démarrer début 2023, le temps de collecter les fonds », précise Thierry Locatelli. Le président a tenu à donner l’exemple en acquérant les premières parts sociales de la Scic. Celle-ci est organisée en six familles : exploitants, salariés et président, experts (incluant les anciens adhérents), partenaires publics (collectivités), partenaires privés (fournisseurs, prestataires, acheteurs) et clients. « Le projet est ouvert : tous ceux qui veulent s’y associer sont bienvenus à hauteur de leurs moyens », insiste le président. Pour respecter les capacités financières de chacun, le ticket d’entrée varie selon la catégorie d’investisseur. « Le minimum est fixé à deux parts sociales d’une valeur de 50 € pour les particuliers, il est dix fois plus élevé pour les exploitants, illustre Thierry Locatelli. Les collectivités et entreprises, qui ont une capacité d’investissement supérieure, sont à un niveau encore différent. »
Trouver la relève
En termes de surfaces, la Scic ne se fixe aucune limite ni aucun objectif : les acquisitions se feront en fonction des sommes collectées. « Nous allons surtout cibler nos appellations Beaujolais et Beaujolais Villages, qui rencontrent le plus de difficultés à trouver de la relève », précise l’élu. La Scic restera propriétaire des surfaces dans un premier temps, puis les rétrocédera à l’exploitant lorsqu’il sera bien installé. Cette rétrocession permettra de libérer des fonds pour acquérir de nouvelles surfaces : ainsi le système devrait s’autoalimenter.
Conformément aux statuts d’une Scic, les investisseurs ne percevront pas de rémunération de leur capital. « L’avantage financier, pour les particuliers, se résume à une défiscalisation de 25 % de leur investissement, note le président. Mais l’idée est surtout de participer à une belle aventure collective, qui donnera lieu à de bons moments de partage. »
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