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Mardi 24 mai 2022

Un prix des vignes à deux vitesses 📉 AOC génériques et 📈des crus porteurs


En infographies, les statistiques et analyses de la SAFER dépeignent un vignoble français dont le foncier gagne en valeur à Cognac, en Provence, en Bourgogne, mais chute à Bordeaux, en Champagne?

Un prix des vignes à deux vitesses 📉 AOC génériques et 📈des crus porteurs

La frilosité de la pandémie de covid s’est évaporée : le marché du foncier viticole s’est nettement réchauffé en 2021 ! L’an passé, la Fédération Nationale des Sociétés d'Aménagement Foncier et d'Établissement Rural (SAFER) enregistre 9 410 transactions viticoles (+15 % en un an), pour la cession de 17 400 hectares représentant 1,1 milliard d’euros (+19 et +27 %). Si le vignoble français confirme globalement son attractivité auprès des investisseurs et repreneurs, les situations sont très disparates entre vignobles (voir infographies ci-dessous).

Ainsi, le prix moyen des vignes d’Appellation d’Origine Protégée (AOP) baisse de 1,7 % en 2021 (à 147 900 €/ha). Mais si l’on retire les appellations de Champagne, ce prix moyen des AOP augmente de 2 % (à 80 000 €/ha), témoignant d’un nouveau repli de la valeur des vignes champenoises (-6 %). La FNSAFER note une forte volatilité des prix dans l’Aube. Ainsi que dans la Marne, où « La contraction des prix ne se fait néanmoins pas ressentir de manière uniforme. Les grands crus et premiers crus, considérés comme des valeurs refuge et toujours aussi recherchés, ne sont que très peu impactés. La chute est en revanche très marquée dans des secteurs moins cotés comme la Vallée de la Marne. »

AOC dans le vent

Parmi les vins AOC gagnant en valeur, on note les performances languedociennes (+2,5 %, notamment avec les appellations héraultaises du Pic Saint-Loup, de Picpoul de Pinet, des Terrasses du Larzac…), rhodaniennes (+2,4 %, notamment en AOC Gigondas et Crozes-Hermitage) et provençales (dans le Var, le succès commercial des Côtes de Provence rosés « engendre une forte pression foncière sur les territoires particulièrement dans les secteurs qualitatifs ou bénéficiant de sous-dénominations »). Autre bonification notable du prix de vente moyen, celle des vignes à eaux-de-vie : +6 %, à 58 600 €/ha. La tendance est alimentée par le fort développement Cognac, où « pour répondre à la forte demande du négoce, et être en capacité d’alimenter les marchés de l’export » des plantations de 2 300 ha ont été actées l’an passé, ce qui « continue à tendre la situation sur les terres plantables, dont la valeur, selon les crus, dépasse les 12 000 euros/ha » note la FNSAFER.

De l’autre côté du spectre foncier, les AOP dites génériques sont clairement peu attractives. En Alsace, « les prix atteignent des niveaux historiquement bas » note la FNSAFER, indiquant que les tensions restent fortes dans le Haut-Rhin et s’étendent désormais au Bas-Rhin. Dans les deux cas, « les trésoreries des exploitations demeurent fragiles et encouragent les acquéreurs potentiels à devenir très regardants sur les prix, le terroir, le cépage et la qualité de la vigne. Les grands crus sont ainsi bien moins impactés par la baisse générale que les vignes situées en appellation générique. » La situation est encore plus clivée à Bordeaux, où « les appellations prestigieuses (Pauillac, Saint-Julien) et les parcelles en agriculture biologique restent orientées à la hausse, tandis que la baisse se confirme pour les appellations génériques, pour la troisième année » soulignent les experts fonciers (notant l’attrait pour les biens bâtis exceptionnels, du moins « lorsque la surface en vigne n’est pas trop importante »).

Transmission accomplie

L’enjeu du renouvellement des générations s’ajoute à ces faibles ventes, en volume en valeur. Ainsi à Bergerac, « la tendance dominante reste cette année encore que le devenir de plusieurs exploitations est incertain. Faudra-t-il réorienter certaines exploitations vers d’autres productions ? La question est très délicate. » Au contraire, dans le Beaujolais, « les acquéreurs historiques locaux se positionnent moins souvent alors que l’attrait des personnes extérieures à la région viticole pour la reconstitution de domaines est certain ». De même dans le Sud-Ouest, « le marché des vignes redevient dynamique, d’autant plus que le prix des vignes en AOP Cahors reste stable. De nombreux candidats à l’installation se manifestent en fin d’année 2021. »

Idem en Muscadet, où « on constate un intérêt croissant de repreneurs extra-locaux qui trouvent, dans les possibilités de reprise, un prix attractif et une dimension humaine des exploitations. De ce fait, les prix du foncier se maintiennent. » Plus généralement en Val de Loire, « suite à la crise sanitaire, la viticulture attire de très nombreux candidats en quête d’une autre vie. Ils s’intéressent au Val de Loire dont le vignoble est riche de diversité » indique la FNSAFER, nuançant immédiatement son analyse : « mais le potentiel économique des domaines viticoles est actuellement limité compte tenu des aléas climatiques subis au cours des cinq dernières années (gel, grêle…) ».

Marché fermé en Bourgogne

Mais même l’impact des aléas climatique est à deux vitesses dans le vignoble français. Avec le gel et les petits rendements du millésime 2021, « le marché foncier du Chablisien, dans ce contexte, reste très fermé, avec seulement 33 ventes pour une surface totale de 15 ha ». Idem dans le Mâconnais. Et la tendance est encore plus flagrante en Côte d’Or. « La pression sur le foncier viticole s’accentue encore sur le département en 2021 en dépit des faibles récoltes notamment dues au gel d’avril. Le foncier viticole est toujours très recherché par les professionnels mais également par des investisseurs compte tenu de sa qualité, mais aussi de sa rareté et de son prestige » note la FNSAFER.

À noter que la FNSAFER n’a pas forcément d’analyses précises sur des bassins viticoles difficiles à suivre par manque de données (comme Bugey, Corse, Jura, Landes, Saint-Pourçain, Sancerre, Savoie…).