Polémique relancée. Convaincue de son bon droit, la famille Cuvelier demande devant la chambre civile du tribunal judiciaire de Libourne la nullite de la vente, conclue ce 7 avril pour 75 millions d’euros, du château Beauséjour Héritiers Duffau-Lagarrosse (6,24 hectares en premier grand cru classé de Saint-Émilion) à la famille Courtin (groupe de cosmétiques Clarins) par la Société d'Aménagement Foncier et d'Établissement Rural (SAFER). Propriétaire du clos Fourtet (20 ha de premier grand cru classé B), la famille Cuvelier était initialement choisie il y a un an, le 7 novembre 2020, par 92 % des 32 propriétaires du château Beauséjour héritiers Duffau-Lagarrosse pour installer un Jeune Agriculteur, Grégoire Pernot du Breuil. Sollicitée, la SAFER a préféré installer en jeune agricultrice Joséphine Duffau-Lagarrosse, l’une des héritières de la propriété, qui ne s’était par présentée à l’origine (faute de soutien financier).
« Nous sommes révoltés par les façons de faire de la SAFER. Nous avons été oubliés et méprisés » n’en décolère pas Matthieu Cuvelier, à la tête du clos Fourtet, qui fait de ce dossier une question de principe : « nous avons répondu à l’appel d’offres fait par la famille propriétaire. C’était ouvert à tous et nous avons gagné dans les règles de l’art, sans tricherie. Nous avons été obligés de passer par SAFER, mais l’on s’aperçoit qu’avant même de décider si nous passerions par une préemption ou une substitution, il y avait déjà des mouvements en coulisse… » La famille éconduite reproche également au groupe Clarins de ne pas respecter tous les dispositifs de son cahier des charges d’installation.
À la date de publication, la SAFER n’a pas répondu aux demandes de commentaires de Vitisphere. Les acheteurs étant également attaqués, Joséphine Duffau-Lagarrosse ne souhaite pas commenter. Depuis ce printemps, ce dossier est particulièrement polémique (à la suite de l’avantage donné à l’époque au dossier de reprise porté par Stéphanie de Boüard-Rivoal en son nom propre). Les connaisseurs du foncier viticole ne s'étonnent pas de cette assignation, s'attendant à de telles poursuites au vu des tensions pour acquérir de telles propriétés.
Une première audience de mise en état aura lieu ce début décembre au tribunal de Libourne.