La Bourgogne lâche les chevaux. Dans ce vignoble septentrional, où les pratiques bio ont pu inquiéter par le passé, 17 % des vignes sont désormais engagées (certifications et conversions), contre 14 % à l’échelle nationale, d’après les derniers chiffres l’Orab Bourgogne Franche-Comté, ceux de l’année 2020.
En un an seulement, les surfaces engagées sont passées de 4 400 à 5700 hectares (+28 %), sur les 30 000 ha que compte la Bourgogne viticole. Une dynamique « sans précédent » pour l’Orab. Dans les seuls départements de l’Yonne (Chablisien) et de la Nièvre (Pouilly-Fumé et Giennois), les surfaces mises en conversion en 2020 sont même supérieures à celle déjà certifiées. Mais le département le plus avancé reste la Côte d’Or (Côte de Beaune et Côte de Nuits). Plus d’un quart des surfaces y sont déjà engagées. « Et on dépassera les 30 % en 2021 », annonce Agnès Boisson, de l’association BioBourgogne.
La technicienne, qui accompagne de nombreux domaines du département, voit dans cette dynamique un aboutissement. « Le profil des propriétés qui se convertissent aujourd’hui est très intéressant : ce sont pour la plupart de gros domaines, qui savent très bien où ils vont. Certains se renseignent depuis au moins dix ans. D’autres ont déjà fait tous les investissements nécessaires avant de venir me voir. Beaucoup travaillent les sols depuis de nombreuses années, et ont déjà amorti les pertes de rendements. »
Des domaines pour la plupart passés par l’étape Haute Valeur Environnementale (HVE). « Ils en ont besoin. Ces exploitations ne se lancent pas au hasard. Ils ont conscience qu’il faut changer de pratiques, mais pas coûte que coûte. Certains demandent aussi la dérogation pour conversion progressive, sur 5 ans. »
Les coopératives font aussi partie de ces opérateurs prêts au changement. « Elles ne font pas les autruches. Beaucoup d’entre elles ont réussi, avec quelques adhérents, à proposer une gamme bio, et à la valoriser .»
Autre tendance : « la dynamique de conversion dépend de moins en moins de la complexité du millésime. D’ailleurs cela se vérifie en 2021 : c’était une saison particulièrement difficile, mais je n’ai pratiquement pas entendu parler d’abandons. La configuration est très différente de celle de 2016 [Une autre année marquée par le gel, qui avait poussé certains à jeter l’éponge en Bourgogne, Ndlr] ». Il faut dire qu’aujourd’hui « la lutte contre les maladies et ravageurs est bien mieux maîtrisée, notamment grâce à la prophylaxie et à la précision de la pulvérisation. »
Et la dynamique devrait continuer. « Tous les domaines que j’ai rencontrés ces derniers mois ont débuté leur conversion cette année », se félicite Agnès Boisson. Des demandes pas encore comptabilisées dans les chiffres officiels.