« Depuis 2012, nous observons un palier dans la progression du prix des vignes en Champagne, précise Muriel Besnard, experte foncier agricole et viticole. Depuis un à deux ans, il y a même une légère baisse des prix, sauf dans les grands crus et les premiers crus. L’écart se creuse entre ces vignes recherchées où il y a très peu de transactions et les autres ». Le prix moyen d’un hectare est à 1,2 million d'euros dans la Marne, 869 000 € dans l’Aisne et 957 000 € dans l’Aube. Muriel Besnard pense qu’il y pourrait y avoir une baisse, à moyen terme, de 100 000 €/ha dans certains secteurs moins bien côtés, soit une baisse de 10 %. Certaines exploitations un peu fragiles, ou sans repreneur, pourraient aussi avoir envie de vendre leur foncier maintenant avant que les prix ne baissent davantage.
Le marché foncier champenois reste peu actif. Seul 0,5 % du vignoble est échangé chaque année. « Il y a encore quelques années, le négoce achetait environ 20 % des vignes à vendre, commente Muriel Besnard. Il influait sur le marché. Ce n’est plus le cas ». Pour Emmanuel Foissy, directeur marketing du Crédit Agricole Nord Est, la terre reste une valeur sûre et une source de diversification de patrimoine. Il estime que le foncier retrouve un attrait malgré un taux de rentabilité faible, qui oscille entre 1 et 2 %, les rendements des assurances vie n’étant plus très attractifs. « Si la crise est de courte durée, il ne devrait pas y avoir d’effet majeur sur le prix des vignes car la plupart des viticulteurs ont la capacité d’amortir le choc, analyse Emmanuel Foissy. Si elle dure, cela pourrait être différent ».
Changement de génération
Christophe Etien, notaire associé de Cheuvreux Reims, rappelle que le foncier présente des avantages fiscaux lors de la transmission lorsque les biens sont loués avec un bail à long terme. « Les transmissions sont de mieux en mieux préparées, poursuit Christophe Etien. Il devient plus rare de voir des héritiers vendre des vignes pour pouvoir payer les droits de succession. En revanche, nous sommes à un changement de génération avec de nombreux viticulteurs nés dans l’Après-Guerre qui vont prendre leur retraite. Cela pourrait générer des opportunités pour des investisseurs ».
Ces trois experts soulignent également que la Loi Foncière, qui a été repoussée, pourrait permettre à des investisseurs extérieurs de s’intéresser à la Champagne, notamment par le biais de SCPI foncières.