En 2018, le marché foncier viticole a accusé une diminution des échanges. La Safer a ainsi enregistré 8750 transactions, soit 7,5 % de moins qu’en 2017. En revanche les surfaces échangées (16 800 ha) sont restées stables. La valeur de ses transactions (844 M€) accuse elle aussi une baisse de 31,1 %. « La baisse des échanges en 2018 est à relativiser. Certes le nombre de transaction a diminué mais en parallèle le marché des parts de société a augmenté. Quant à la valeur, elle avait été exceptionnelle en 2017 car il y a eu dix ventes qui dépassaient les 10 millions d’euros, contre seulement deux en 2018 », a tempéré Loïc Jégouzo, de Terres d’Europe-Scafr, le 23 mai à Paris, lors de la conférence de presse annuelle du réseau Safer sur le prix des terres.
Autre fait marquant noté par le spécialiste : la poursuite des acquisitions par les personnes morales. Elles représentent désormais 23 % des transactions pour 42,6 % des surfaces et 66 % de la valeur. « Il y a toujours une présence importante du négoce qui achète des domaines pour diversifier sa gamme. Mais il y a aussi des coopératives qui suite au départ à la retraite de leurs adhérents achètent du foncier pour le mettre à bail à des jeunes coopérateurs qui s’installent. Elles sécurisent ainsi leurs approvisionnements », a analysé Loïc Jégouzo.
Au niveau des prix, la hausse se poursuit. « Les prix ont augmenté pour les trois types de vignes (AOP, eaux de vie AOP et hors AOP) en lien avec une vendange satisfaisante », a expliqué Loïc Jégouzo. Pour les AOP le prix moyen s’est établit à 147 300 €/ha en 2018, soit une hausse de 2,4 %. « La hausse pour les AOP est encore plus franche si on retire la Champagne (+4,5 % pour un prix moyen de 72 500 €/ha) », a indiqué Loïc Jegouzo. En effet, le marché du foncier a reculé en Champagne. Et le prix moyen n’a augmenté que de 0,6 %. « En Champagne, il y a des incertitudes avec des ventes historiquement faibles et un marché intérieur moins demandeur. Il y a donc un clivage entre les grandes maisons de Champagne qui travaillent beaucoup à l’export et qui sont très présentes sur le marché du foncier car elles veulent sécuriser leurs approvisionnements, et les vignerons très orientés sur le marché français qui en sont quasiment exclus », a noté le spécialiste.
Dans le Bordelais, en Bourgogne, et en Vallée du Rhône-Provence, le prix moyen augmente toujours. « Les AOC les plus chères continuent de s’envoler, ce qui tire les AOC intermédiaires vers le haut. En Provence, le boom des exportations de rosés aux Etats-Unis a eu un effet quasi immédiat sur le prix du foncier en AOP mais a aussi bénéficié aux vignes hors AOP », analyse Loïc Jegouzo.
Le prix moyen des vignes à eaux de vie AOP a progressé de 3,8 % pour atteindre 48 700 €/ha. A Cognac, la hausse s’est poursuivie mais à un rythme moins soutenu « Le conseil de bassin viticole a autorisé des plantations nouvelles, ce qui a allégé la pression sur le prix des vignes en place », a détaillé Loïc Jegouzo.
Le prix des vignes hors AOP a gagné 2,3 % et s’élève à 14 200 €/ha.