A l'initiative de Frédéric Berne, jeune viticulteur bio engagé et dynamique de Lantignié (69), une association réunissant 30 vignerons – soit la quasi-totalité de ceux du village - a vu le jour en mai 2017 : « Vignerons et terroirs de Lantignié ». Elle représente 360 ha de vignes, donc presque l'intégralité du vignoble de la commune. Ses terroirs récemment cartographiés correspondent à deux types de sols : à l'Est, ceux sur granites roses et à l'Ouest, ceux sur pierres bleues.
L'objectif de cette nouvelle association : « Mieux mettre en avant la qualité des vins et du terroir de ce vignoble sur les marchés, actuellement cachés et noyés dans une appellation régionale Beaujolais, qui n'a plus d'identité en terme de qualité mais uniquement par le volume qu'elle représente ». La fin des herbicides d'ici 5 ans
Différentes commissions ont donc été constituées en son sein, parmi lesquelles la commission « technique ». Cette dernière vient de terminer l'écriture du nouveau cahier des charges régissant la production, qui entrera en application dès cette campagne 2018. Elle propose une vraie rupture, en imposant des contraintes importantes : limitation des rendements et de la macération pré-fermentaire à chaud, mais surtout suppression totale des produits phytosanitaires de synthèse, en trois étapes.
Dès cette année, les vignerons n'auront plus le droit aux engrais chimiques ; à partir de 2020, l'interdiction s'élargit aux fongicides et insecticides et enfin, en 2023, aux herbicides. En résumé, il s'agit à terme de supprimer la totalité des produits de synthèse. « Nous nous sommes inspirés du guide de l'agro-écologie du ministère, explique Frédéric Berne. Nous nous préparons ainsi aux mutations viticoles qui auront lieu dans quelques années».
Au départ, seulement deux ou trois viticulteurs étaient mobilisés sur la commune, mais le reste a fini par être convaincu de l'intérêt d'une telle démarche, et a accepté d'y rentrer, aidés il est vrai, par l'actualité liée à l'interdiction programmée du glyphosate : « Les vignerons en conventionnel ont proposé eux-mêmes d'évoluer sur ce sujet; ils ont compris l'intérêt de se remettre en question », commente le jeune vigneron.
Ceux qui respectent les nouvelles règles pourront commercialiser leurs premières bouteilles à partir de mars 2019 sous une nouvelle marque privée collective et/ou identité visuelle, qui restent à définir, afin de pouvoir les distinguer des autres Beaujolais. Ils pourront faire l'objet de contrôles par un organisme certificateur qui veillera au bon respect du cahier des charges. Une valorisation de minimum 10€ le col (prix vente particuliers) est visée, afin de couvrir les coûts de production supplémentaires, estimés au double, dus à la main d'oeuvre, aux pertes de récolte et de rendement. « Nous voulons produire mieux, mais aussi vendre mieux », indique Frédéric Berne. Obtenir notre propre appellation
Ce « dossier » est un projet « pilote » mené en accord et en lien avec l'ODG Beaujolais-Beaujolais villages. S'il va au bout, il pourra servir d'exemple de réussite pour d'autres villages et « donner un nouvel élan aux vignerons ». La commune de Quincié réfléchit elle-aussi à la question.
Une démarche a par ailleurs été initiée auprès de l'Inao : l'idée est de lui prouver la véritable existence commerciale et « sur le terrain » de ce terroir, afin qu'ensuite l'institut accepte plus facilement son passage en appellation Lantignié. Cela permettrait à ces vignerons de « pouvoir passer d'une appellation générique à une appellation à part entière, pour se créer une identité, au même titre qu'un Chirouble ou qu'un Morgon ».