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Mercredi 20 juillet 2016

Où en sont les vignes qui ont gelé ou grêlé


Il y a un peu plus de deux mois, un gel sévère sévissait dans de nombreuses régions, abîmant plusieurs milliers d'hectares de vignes, en Bourgogne, Val de Loire ou encore Champagne. Tour d'horizon de ces différents vignobles, notamment après la floraison, étape cruciale qui conditionne la future récolte.

Où en sont les vignes qui ont gelé ou grêlé

Val de Loire

Dans les appellations Muscadet, Vouvray, Chinon, Bourgueil, Saint-Nicolas de Bourgueil, très touchées par le gel, il n'y a pas de phénomène de coulure particulièrement notable cette année, malgré les mauvaises conditions météo du mois de juin. « La floraison, qui s'est déroulée en moyenne fin juin, s'est passée plutôt normalement ; il y a un peu de coulure, mais pas plus que d'habitude et sans différence entre parcelles gelées et non gelées », note Adeline Boulfray, conseillère Chambre agriculture d'Indre-et-Loire. Dans les secteurs gelés, une très grande hétérogénéité des stades phénologiques, qui vont de la « fin floraison » au stade « gros pois », est par ailleurs constatée.

Le potentiel de récolte restera finalement très largement impacté par le gel – à ce jour, la moitié des volumes d'Indre-et-Loire sont perdus - auquel il faudra ajouter le mildiou, qui va aggraver les pertes de récolte. Des attaques précoces sur grappe et sur feuilles, cumulées à des conditions météo désastreuses, entraînent pour les viticulteurs des fréquences de traitements importantes pour tenter de maîtriser, difficilement, le champignon. « Les viticulteurs sont éreintés ; 2016 est l'année du courage ; il en faut pour affronter une année comme celle-là... », confirme Guillaume Lapaque, de la FAV 37, au sujet du gel et des attaques de mildiou.

Dans le Centre Loire, également impacté par le gel dans les appellations Ménetou-Salon, Pouilly-Fumé et Quincy, la situation est tout autre. Un phénomène important de coulure, sur parcelles gelées, mais aussi non gelées, s'est produit. Dans certains terroirs, ce phénomène peut parfois être très marqué, avec plus de 90% de la future récolte détruite : « C'est exceptionnel, en quinze ans, je n'avais encore jamais vu cela », constate François Dal. La coulure semble encore plus marquée sur les parcelles gelées que les autres, et sur cépage Sauvignon que Pinot. A Sancerre par exemple, plutôt épargné par le gel, la coulure a été « spectaculaire », réduisant, sur certaines parcelles, le potentiel de production à zéro. En cause : des conditions météo catastrophiques en mai et juin, avec beaucoup de pluies et de froid, ponctuées par quelques séquences de grosses chaleurs. « Cela a provoqué des pousses par saccade, pas équilibrées ; on note des symptômes peu habituels de carences sur feuilles », note François Dal.

En plus des pertes importantes liées au gel, les vignerons de ces secteurs vont donc subir des pertes supplémentaires significatives liées à la coulure, sans oublier celles liées au mildiou, lui-aussi très virulent...

 

Champagne

Les vignes gelées de la Côte des Bars montrent des symptômes de coulure assez « remarquables », qui se sont traduits par une « importante chute de boutons floraux sur plusieurs semaines », indique Sébastien Carré, conseiller Chambre d'agriculture de l'Aube. Les parcelles les plus fortement abîmées, sur lesquelles quelques raisins subsistent, ont eu une floraison plus tardive, avec finalement moins de coulure. Certaines sont d'ailleurs encore en floraison. 

Mais la coulure concerne aussi les pieds non gelés, à cause des conditions météo défavorables du mois de juin, froides et très humides. « La coulure a concerné tous les types de parcelles, à différents degrés, résume le conseiller. Il y a par ailleurs un début de millerandage sur tous les types de parcelles », poursuit celui-ci.

Pour les parcelles les plus avancées, la floraison a démarré vers le 25 juin, avec environ 15 jours de retard par rapport à la moyenne décennale. Au 14 juillet, celle-ci n'était d'ailleurs pas terminée, traduisant « beaucoup d'irrégularités » : « Il y a actuellement tous les stades, de la fin fleur, pour les plus gelées, au stade 'début petit pois' », commente Sébastien Carré.

L'impact sur la récolte en raisins varie selon l'intensité du gel et de la coulure de chaque vigne : « Certaines parcelles ont une bonne charge, et d'autres sur lesquelles il faut parcourir trois pieds avant de trouver du raisin ». Le potentiel de récolte sera « exceptionnellement bas », « largement en-dessous de 7000 à 9000 kg/ha, voire, pour certaines vignes situées à Bar-sur-Aube, sous la barre des 1000 kg/ha ». Cette baisse de production a de plus été aggravée par le mildiou, « exceptionnellement fort cette année sur feuilles et sur grappes ».

Bourgogne

Dans l'Yonne, on déplore un phénomène de coulure important sur les parcelles grêlées le 13 mai ou gelées partiellement, sur lesquelles il restait « quelques grappes ou bouts de grappes ». Un phénomène auquel les viticulteurs « s'attendaient », précise Guillaume Morvan, conseiller Chambre d'agriculture de l'Yonne. « Elles ont connu un niveau de stress important et les pieds de vignes sont faibles », explique celui-ci.

Note positive néanmoins, concernant ces vignes gelées fin avril : le redémarrage de la végétation a été bon. « Les viticulteurs sont assez satisfaits, car cela est très encourageant vis-à-vis de la mise en réserve, des bois de taille et de la fertilité des bourgeons, pour l'an prochain ».

Concernant les parcelles qui ont subi le second orage de grêle du 27 mai, beaucoup plus destructeur, « il ne restait de toutes façons que quelques grappes ».

Pour les parcelles indemnes d'aléa climatique, qui restent tout de même majoritaires dans le département, la floraison, démarrée vers le 24 juin, s'est bien passée, dans des conditions « pas trop défavorables » : « Elle a été très rapide, en une semaine », note Guillaume Morvan.

Le décalage de maturité entre les parcelles gelées et/ou grêlées et les « indemnes » est actuellement estimé à 15 jours environ, un écart qui a tendance à se réduire au fil des jours. « Au lieu d'avoir deux périodes de vendanges, nous nous dirigeons vers une seule, mais qui sera étalée », indique le conseiller. Leur démarrage devrait alors lieu vers la fin septembre, soit avec 15 jours de retard par rapport à la moyenne des 15 dernières années.

 

En Côte d'Or, la situation ressemble à celle de l'Yonne. S'étalant sur moins d'une semaine, la floraison a été « très rapide » et s'est « plutôt bien passée » pour les parcelles non gelées comme partiellement gelées, sur lesquelles il reste quelques grappes. De la coulure a été constatée seulement sur les parcelles habituées à ce phénomène.

Le décalage de maturité entre les vignes gelées et les autres tend à se réduire. Estimé à 10 jours environ, les parcelles les plus avancées sont au stade « grain de plomb ». Les parcelles gelées présentent néanmoins une grande hétérogénéité de stades végétatifs. A ce jour, les vendanges sont estimées avec 10 à 15 jours de retard par rapport à une année « normale », vers la dernière décade de septembre. « Les dates de démarrages seront de toutes façons très hétérogènes », ajoute Benoit Bazerolle, conseiller Chambre d'agriculture.

La récolte promet d'être « faible » : « on sera loin du compte, mais impossible, à ce stade, de dire de combien », poursuit celui-ci. Point positif néanmoins : même les vignes les plus fortement gelées, pour lesquelles la récolte est réduite à néant, ont « bien redémarré », avec une pousse « explosive » et « exubérante ». « Cela amène une part de satisfaction, car cela laisse présager du matériel à tailler pour l'hiver prochain ».

Le principal souci du moment reste actuellement de lutter contre le mildiou, qui attaque sévèrement grappes et feuilles. «Il y a une pression jamais vue auparavant, qui causera sans aucun doute des pertes de récoltes supplémentaires...2016 sera la plus grande année à mildiou jamais enregistrée », conclut Benoit Bazerolle.

 

Pour la Saône-et-Loire, 2000 hectares, sur les 14000 hectares de vignes que compte le département, ont subi le gel ou la grêle. Dans ces secteurs, « la floraison s'est bien déroulée, de façon rapide et dans de bonnes conditions », résume Benjamin Alban, conseiller Chambre d'agriculture 71. Elle s'est déroulée vers le 20 juin pour les parcelles non gelées et début juillet pour les gelées. « Pour celles-ci, il y avait peu de fleurs, mais il n'y a pas eu de problème, remarque celui-ci. Globalement, il y a eu un peu de coulure sur toutes les parcelles, mais plutôt moins que d'habitude », résume t-il.

Malgré ces bonnes conditions de floraison, le potentiel de récolte restera faible sur ces parcelles abîmées : « La sortie, en quantités de raisins est très limitée », note le conseiller. Sur 1000 hectares notamment, les rendements devraient avoisiner 10 à 15 hl/ha, contre 60-70 hl/ha habituellement. Une « bonne nouvelle » tout de même : les conditions humides et chaudes ont permis une pousse correcte des vignes gelées. « Les vignerons auront du bois à tailler l'an prochain, c'est plutôt satisfaisant », conclut Benjamin Alban.