La lutte contre les vers de la grappe – eudémis principalement – par confusion sexuelle connaît actuellement un « boom » dans deux départements du Languedoc-Roussillon : l’Hérault et l’Aude. Dans le premier, hors surfaces récemment contractualisées dans le cadre des nouvelles « MAE »*, les surfaces couvertes par ce dispositif représentent en 2016 environ 5 300 hectares, contre seulement quelques centaines il y a trois ans.
Ce développement important et rapide a été permis par l’aide mise en place, à hauteur de 60 % du coût des diffuseurs, par le conseil départemental de l’Hérault en 2013, en collaboration avec les professionnels du secteur : chambre d’agriculture, caves coopératives, Coop de France Languedoc-Roussillon. En trois ans, le département a ainsi subventionné à hauteur de 368 000 € la mise en place de cette technique sur son territoire. « Auparavant, il y avait très peu de surfaces “confusées” car cela coûte cher** et les viticulteurs n’y croyaient pas trop, explique Laurent Gourdon, chef du service viticulture de la chambre d’agriculture de l’Hérault. Mais, progressivement, la confiance est venue, ils ont vu que cela fonctionnait. L’aide du département a fait boule de neige. » À ce jour, 18 caves coopératives et 210 caves particulières du département auraient ainsi souscrit à la méthode, pour un montant total investi de 705 000 €. Des entreprises localisées dans un peu tous les secteurs : Thau, Thongues, Minervois, Saint-Chinian, Terrasses du Larzac, moyenne vallée de l’Hérault, Biterrois, Pic Saint-Loup, etc.
L’Aude connaît la même dynamique, avec quasiment 3 000 hectares de vignes « confusées » pour cette campagne 2016 et une progression des surfaces supérieure à 30 % ces deux dernières années. « Cette dynamique ne va pas s’essouffler, il y a une vraie motivation, confirme Emmanuel Rouchaud, de la chambre d’agriculture de l’Aude. Certains y passent même sans avoir de financements extérieurs. » De nouveaux candidats se sont en effet montrés intéressés pour l’an prochain, laissant envisager une poursuite de la croissance des surfaces de l’ordre de 30 % en 2017.
Comme pour l’Hérault, l’accélération dans l’Aude a été surtout permise par l’instauration de mesures incitatives dans les zones de captages d’eau prioritaires (MAE) et classées Natura 2000. « Mais certaines caves ont aussi pris l’initiative, à titre individuel, en incitant leurs adhérents à y passer car cela s’inscrivait dans leur projet d’entreprise ou stratégie », tient à ajouter Emmanuel Rouchaud. Plus généralement, ce dernier constate ces temps-ci une « véritable et rapide prise de conscience » des professionnels s’agissant des questions liées à l’agro-écologie, et une « vraie volonté de leur part de se préparer à l’horizon 2025 », la nouvelle échéance fixée par le plan gouvernemental Ecophyto 2.
* Les demandes d’aides dans le cadre des MAE sont actuellement en cours d’instruction ; les surfaces couvertes par la confusion sexuelle ne sont donc à ce jour pas encore connues.
**Le coût/hectare de la confusion sexuelle se situe entre 110 et 165 €/ha, sans tenir compte du temps de pose, contre environ 30 €/ha pour un traitement insecticide.