Les représentants des deux ODG, celui des Beaujolais/Beaujolais villages et celui des Crus, ont souhaité officiellement annoncer la nouvelle à l'occasion d'une conférence de presse ce mercredi 3 février 2015, à Belleville-sur-Saône (Rhône) : la hache de guerre est enterrée. « Nous allons désormais travailler ensemble, malgré notre séparation institutionnelle, a déclaré Frédéric Laveur, président de l'ODG des Beaujolais. La période difficile nous a permis de travailler dans d'autres conditions, peut-être plus sereines, et de comprendre l'intérêt et les enjeux de travailler ensemble ». « Chaque ODG est désormais bien organisé, a conscience de ses problématiques. Nous nous rencontrons pour travailler ensemble, cela se passe très bien, mieux qu'avant », a renchéri Audrey Charton, présidente des Crus. Chaque ODG continuera donc d'être indépendant l'un de l'autre, étant désormais organisés pour gérer de façon autonome leurs dossiers propres. Mais les « gros » dossiers communs à traiter au niveau interprofessionnel seront dorénavant travaillés ensemble. « Il vaut parfois mieux l'union libre qu'un mariage forcé », a résumé David Ratignié, de l'ODG des Beaujolais.
Désormais sur la même « longueur d'onde », les deux ODG se sont aussitôt accordées sur le fait qu'il fallait de toute urgence réformer le système de gouvernance de leur interprofession. Ces derniers dénoncent des « dysfonctionnements et des blocages importants dans les règles et les prises de décision », qui s'illustrent par de nombreuses « non-décisions », ou encore des décisions prises mais pas mises en ?uvre et ce, malgré leurs nombreuses réclamations. Des "non-décisions" directement responsables de « l'immobilisme » actuel : « On continue donc ce que l'on a toujours fait », déplore Frédéric Laveur.
Les élus viticulteurs dénoncent, par ailleurs, le déficit budgétaire chronique d'InterBeaujolais, supérieur à un million d'euros, directement lié aux fortes baisses de volumes de production. « Nous sommes très inquiets, tous les voyants sont au rouge, indique Audrey Charton. On ne peut pas continuer comme cela, il faut se réinventer, trouver des solutions ». « Une remise à plat totale et un travail de fond sont à faire, nous souhaitons une véritable réforme de l'interprofession...Et on ne pourra plus nous diviser », confirme Frédéric Laveur.
Les viticulteurs sont appuyés dans leur démarche par l'Etat, qui a décidé, lui-aussi, de prendre les choses en main. Georges-Pierre Malpel, inspecteur général du ministère de l'agriculture, s'est rendu dans la région fin 2015 pour entendre l'ensemble des parties : interprofession, représentants du négoce, des viticulteurs. Le compte-rendu de son rapport leur a été présenté récemment, à l'occasion d'une réunion organisée à la préfecture de Lyon. Dans ses conclusions, celui-ci pointe un « problème dans la gouvernance interprofessionnelle ». « Le préfet en a conscience et nous a dit qu'une évolution était souhaitable », explique Audrey Charton. Ce dernier leur a donc demandé, à l'issue de la réunion, de produire rapidement une « feuille de route » réunissant des propositions d'amélioration. Les deux ODG, unies, y travaillent actuellement.