« Les tendances sur les dix dernières années ne sont malheureusement pas positives, avec tout de même une légère meilleure résistance des Beaujolais villages par rapport aux Beaujolais, a expliqué Jean Bourjade, délégué général d’Interbeaujolais, lors du congrès de l’ODG Beaujolais-Beaujolais villages, le jeudi 30 avril 2015.
Les nombreuses courbes présentées – évolution des surfaces, production, stocks début de campagne et sorties de propriétés en rouges et rosés – présentent en effet toutes une orientation à la baisse depuis 2005. Seuls les Beaujolais blancs restent épargnés, mais leur production reste (encore) anecdotique.
Côté surfaces, l’AOP Beaujolais rouge a perdu en moyenne 500 hectares par an depuis 10 ans : de 9.676 hectares en 2005, elle s’établit en 2014 à 5.190 ha, soit 4.486 ha et 46% de la surface en moins sur la période. La production a suivi, passant de 495.000 hl à 241.000 hl sur les dix dernières années. Pour les Beaujolais villages rouges, même constat : 2.200 ha ont été arrachés en dix ans, soit un tiers de la surface en moins.
Les Beaujolais et Beaujolais villages rouges connaissent également une baisse régulière des ventes, mesurée par les sorties de propriétés et les volumes commercialisés, données enregistrées par l’interprofession. Les sorties de propriété (vente directe et achat du négoce) ont chuté de 52% pour les Beaujolais rouges depuis 2005 : de 463.000 hl, elles s’établissent en 2014 à 221.200 hl. Pour les Beaujolais villages rouges, les volumes passent de 283.900 hl à 177.000 hl, soit 38% de moins. Pour les deux appellations, cette baisse des volumes commercialisés se produit en France comme à l’export. En 2014, le Beaujolais rouge reste vendu principalement à l’export (68% des volumes), dont la part relative augmente, le marché français étant en forte baisse. Les Beaujolais villages s’écoulent quant à eux un peu plus en France (56% des volumes), mais là aussi, la part relative et les volumes déclinent fortement.
Cette réduction de l’offre n’a, de plus, pas permis d’inverser la tendance en terme de prix : « Les cours et le niveau des transactions restent bas. Les stocks et les disponibles sont pourtant faibles », a indiqué Sébastien Coquard, au sujet de la campagne en cours. En plus d’un problème récurrent de « structuration l’offre et d’organisation commerciale », cette situation s’explique, de l’avis de certains, par un changement dans la politique d’achat des opérateurs bourguignons : « La Bourgogne nous a acheté du vin pendant deux ans, à cause de son déficit de production, qui plus est, à des prix inférieurs aux prix pratiqués chez eux. Mais cette année, elle n’achète plus, car elle n’a plus besoin de nos vins, grâce à une récolte normale…Elle a délaissé le Beaujolais », constatait, amer, l’un des viticulteurs présents au congrès.
[Source graphique: Interbeaujolais]