Le fabricant français d’engrais Ovinalp a conduit pendant deux ans une étude statistique sur 550 échantillons de sols provenant de parcelles de différentes cultures – vigne, arboriculture, maraîchage – conduites en agricultures biologique et conventionnelle. L’étude a porté sur les différentes fractions qui composent la matière organique (MO) des sols : soluble, fulvique, humique, etc. et sur leurs impacts sur les cultures. Ces fractions ayant en effet chacune un rôle différent dans le sol et, par conséquent, sur la plante.
A partir des données obtenues de ces échantillons, l’entreprise a ensuite pu créer un modèle permettant de définir, « par une analyse rapide », les différentes fractions de la matière organique du sol, selon leur biodégradabilité : facilement, moyennement, difficilement et non biodégradable. La corrélation entre l’activité microbienne du sol et la matière organique totale et ses différentes fractions a ensuite été étudiée.
Les premiers enseignements issus de l’expérimentation, qui se terminera fin 2015, ont déjà pu être tirés : « Le premier constat est qu’il n’existe pas de corrélation entre l’activité du sol et le taux de MO total. Il peut en revanche en exister une entre l’activité du sol et certaines fractions de la MO, en particulier la fraction fulvique », témoigne Caroline Durand, responsable produits chez Ovinalp. Si un taux de MO bas entraîne systématiquement une activité biologique faible, l’inverse n’est pas obligatoirement vrai. Un autre constat est que l’accumulation de l’un des constituants de la matière organique est toujours synonyme d’une activité microbienne défaillante, qui bloque le cycle de transformation naturel de la MO.
« Grâce à ce nouveau modèle, nous sommes capables en une journée de caractériser la matière organique des sols viticoles », poursuit Caroline Durand. Mais, une troisième et dernière année de recueil de données, issues du suivi d’une soixantaine de parcelles viticoles, est encore nécessaire. L’étude se poursuit afin de parvenir à corréler les paramètres du sol à ceux de la plante : analyse pétiolaire, vigueur, qualité de la récolte ou encore rendement.
L’entreprise devrait alors être à même de proposer son nouvel « OAD » en 2016. Cet outil doit permettre le diagnostic de la matière organique du sol et des préconisations qui en découlent en terme de matières fertilisantes, en prenant en compte tous les aspects nutritionnels et physiologiques du sol et de la vigne. « A partir de ces résultats, il sera alors plus facile d’adapter précisément le type de fumure en fonction des besoins agronomiques et des objectifs de qualité et de rendement : par exemple pour relancer l’activité microbienne du sol, redresser un sol pauvre en matière organique stable, influer sur des moûts trop acides… », explique la technicienne.
Crédit photo: J Cassagnes