Les travaux d’une thèse de Jonathan Gerbore, conduits entre 2010-2013 et encadrés par Patrice Rey, professeur à Bordeaux Sciences Agro, ont permis de découvrir qu’un « oomycète », une sorte de champignon colonisateur de la rhizosphère, pourrait s’avérer être un « potentiel agent de lutte » contre l’esca.
Après avoir isolé différentes souches de cet oomycète, baptisé « Pythium oligandrum », issues de différents types de sols viticoles, les chercheurs les ont ensuite utilisées et testées pendant deux ans, afin d’étudier la réaction des plants de vigne à leur colonisation, vis-à-vis du champignon pathogène Phaeomoniella chlamydospora, l’un des agents pathogènes de l’esca.
L’analyse de l’expression des gènes des jeunes plants a montré que ces derniers répondent à la colonisation racinaire par l’oomycète en modifiant l’expression de gènes intervenant dans plusieurs voies métaboliques, avec pour effet d’agir sur les zones nécrosées du bois : « La colonisation des racines par P. oligandrum a été associée à une réduction de la longueur des nécroses dues à P. chlamydospora. En adéquation avec ce résultat, l’analyse transcriptomique a montré une surexpression des gènes impliqués dans les mécanismes de défense et plus particulièrement dans la voie de l’éthylène, précise l’Inra. L’éthylène est souvent émis par les plantes lorsqu’elles sont soumises à un stress. Plusieurs gènes spécifiquement induits constitueraient des marqueurs de résistance qu’il conviendra de valider lors de prochaines expérimentations ».
Cette technique, qui consiste à induire chez la vigne une protection « naturelle » contre un agent pathogène, s’appelle le « biocontrôle ». Quant à la rhizosphère, elle correspond à la zone sous l'influence des racines, c'est-à-dire des exsudats qu'elles émettent et dont se nourrissent les nombreux micro-organismes la colonisant. C’est donc un lieu d’échange privilégié entre la plante et le sol, où ont lieu l’ensemble des activités biologiques et physico-chimiques impliquées dans les mécanismes d’alimentation et d’autoprotection des cultures.
L’Unité mixte de recherche Santé et Agro-écologie du Vignoble (UMR Save) a piloté cette thèse, le financement provenant de l'ANRT et de la société Biovitis.
Crédit photo: BSV Charente 2010