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Mercredi 04 juin 2014

Cognac : il est né le premier Groupement Foncier Viticole




Cognac : il est né le premier Groupement Foncier Viticole

« Aujourd'hui, acheter de la vigne pour un vigneron charentais n'est pas rentable. Le foncier pèse trop lourd dans l'endettement et on se trouve à un point où les banques ne prêtent pas » constate Léopold Croizet. Huitième génération d'une famille de vignerons à Cognac (il a repris les 28 hectares de la maison Pierre Croizet en 1996), le bouilleur de cru se souvient de son acquisition de 55 ha en 2005 : « l'hectare de vigne coûtait alors 20 000 euros, aujourd'hui on dépasse les 60 000 €... On n'est plus dans le finançable ! » Alors que ses clients le pressent de fournir plus d'eaux-de-vie, l'idée de créer le premier Groupement Foncier Viticole de Cognac a germé, conseillé par Cyrille Restier, dirigeant de Centaure Investissements (cabinet de conseil en gestion de patrimoine indépendant). La mise en vente de 10,78 ha en Fins Bois* par un vigneron de Triac-Lautrait (partant à la retraite sans succession) a donné à Léopold Croizet et son camarade vigneron Alexandre de Laurière l'occasion de donner corps à ce projet. Au terme d'un an et demi de réflexion, les deux viticulteurs ont pris option sur les vignes et donné un mandat à Centaure Investissements, afin de monter la structure du GFV et de rechercher des investisseurs. La SARL Croixlau (réunissant les deux viticulteurs) ayant ensuite la charge d'exploiter la propriété et de produire l'eau-de-vie (tout en assumant les risques professionnels).

Conseiller en gestion de patrimoine ayant débroussaillé ce dossier, Adrien Gravière (juriste pour Centaure Investissements) estime que le GFV maintenant ficelé répond au cahier des charges initial : « c'est un bail médian, tout le monde y trouve son compte, le propriétaire qui peut développer son exploitation comme les investisseurs ». Ce GFV se définit comme un projet livré clé en main (« après la provision d'entrée, les investisseurs n'ont pas de capital à ajouter pendant les 18 ans du bail ») et à échelle humaine (720 parts sociales sont émises, dont 20 parts pour Léopold Croizet et Alexandre de Laurière, le reste étant réparti en 20 lots de 35 parts sociales), ouvrant droit à des possibilités d'optimisations patrimoniales et fiscales (selon la loi du 31 décembre 1970 : assiettes ISF, droits de succession, déficit foncier ...) ainsi qu'à des avantages en nature. La rétribution des investisseurs pourra se faire sous le format d'un paiement en numéraire et en nature (bouteilles de cognacs) avec « un rendement supérieur à bon nombre de fonds en euros proposés dans le cadre de l’assurance vie ».. Le GFV cible ainsi les investisseurs passionnés, souhaitant diversifier leurs participations autrement que dans l'action financière et immobilière. « C'est un placement que l'on peut palper, déguster même, c'est rare ! » s'enthousiasme Adrien Gravière. Dans l'offre patrimoniale de Centaure Investissements (de la location meublée non professionnel au courtage en prêts immobiliers), « ça reste un produit exotique, au même titre qu'un bien immobilier à l'étranger ».

Ayant valeur de galop d'essai, ce premier GFV pourrait servir de modèle à un vignoble charentais en quête d'outils pour assurer la pérennité de son outil de production (alors que se profile la plantation de 8 200 hectares supplémentaires). Léopold Croizet espère que ce projet test essaimera : « il n'y a de toute façon pas d'autre choix pour agrandir les domaines et permettre l'installation de jeunes avec le prix du foncier inabordable... » En témoigne le soutien des organismes interprofessionnels (BNIC, SAFER...) et l'intérêt de grandes maisons de Cognac, « qui souhaitent accompagner les viticulteurs en fin de carrière au plus près de leurs problématiques patrimoniales, juridiques et fiscales, ainsi que les plus jeunes en devenir » conclut Cyrille Restier.

 

 

* : Eclatées sur les communes de Triac-Lautrait et Mérignac, ces parcelles présentent un « investissement stratégique » pour Léopold Croizet« le différentiel entre les cours des eaux-de-vie de Grande Champagne et de Fins Bois est bien moins grand que celui du prix des terres, le rendement économique n'en est que meilleur ! »

 

 

[Photo : Léopold Croizet et Adrien Gravière ce 8 avril, dans une parcelle du GFV (55 ares d'ugni blanc à proximité de Lantin)]